Une matinée dans une classe 3-6 ans

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Entrainer les fonctions exécutives

Chaque rentrée des classes nous confronte à des enfants « vierges ». Des enfants de 3 ans qui arrivent pour la première fois dans une classe, mais aussi des enfants de 4 à 5 ans qui ont connu l’école et une manière traditionnelle, souvent dirigée de fonctionner. Pour ces enfants, l’arrivée dans un environnement riche, adapté et ouvert au libre choix d’activité mène parfois à une grande agitation, une envie de tout essayer, une liberté toute nouvelle dans laquelle ils vont s’engouffrer confondant liberté de choix et absence de contrainte ce qui finit, avouons-le, en désorganisation et peut mettre en difficulté l‘ensemble de la classe.

Plasticité cérébrale

Nous savons que lors des six premières années de sa vie, l’être humain possède un mécanisme cérébral qui lui permet d’absorber l’environnement sans effort en réalisant pour chaque expérience vécue, un nombre impressionnant de connexions neuronales.

Parmi les centaines de connexions qu’il crée par seconde, le cerveau ne conserve que les connexions les plus fréquemment utilisées. C’est l’élagage synaptique.

Par conséquent, ce sont les expériences quotidiennes de l’enfant qui s’encodent et structurent directement l’architecture de son cerveau.

 

Le calme appelle le calme, les cris appellent les cris.

 

Il est donc important dès les premiers jours de classe de reprendre collectivement, et individuellement à chaque fois que nécessaire les règles de vie.

 

Grandir et apprendre

3 COMPÉTENCES CLÉS LES FONCTIONS EXÉCUTIVES

Les fonctions exécutives sont essentielles.

•            la mémoire de travail

•            le contrôle inhibiteur

•            la flexibilité cognitive

 

Elles permettent d’agir de façon organisée pour atteindre nos objectifs.

 

Quelque soit la tâche à accomplir (faire un exercice, écrire, lire, jouer du piano…) nous avons besoin de :

•     Une bonne mémoire de travail pour garder en mémoire des informations et les organiser

•     Un bon contrôle inhibiteur, pour éviter les distractions et rester concentré.

•     Une flexibilité cognitive, pour être créatif et ajuster nos stratégies en cas d’erreurs.

 

Quel est l’écueil principal à l’adaptation d’élèves nouveaux à un fonctionnement individuel, autonome ?

Ils ne respectent pas les règles de travail individuel., cherchent toujours la présence d’autres enfants.

Ils prennent n’importe quel matériel, ne le rangent pas.

Ils « jouent » avec le matériel.

Ils se déplacent en courant, marchent sur les tapis.

Ils interpellent adultes et enfants à travers la classe.

 

Ils ne sont pas « normalisés » c’est-à-dire qu’ils n’ont pas encore intégré la manière normée de fonctionner.

Quel leur manque-t-il? 

 

Attention et concentration

Pour un tout jeune enfant de 3 ans, c’est en suivant le chemin normal au sein de l’environnement préparé que ces deux compétences essentielles vont se construire. Les activités préliminaires puis les activités de Vie Pratique vont mettre en œuvre puis entrainer petit à petit les fonctions exécutives.

 

Pour les élèves plus âgés, ayant déjà acquis des compétences motrices et sensorielles fines, il est parfois plus difficile de les amener à porter un intérêt réel aux activités de Vie Pratique et Sensorielle.

Comment développer l’attention chez les enfants ?

Selon Stanislas Dehaene 2012 au cours du colloque Sciences cognitives et éducation (Ministère de l'Education Nationale/Collège de France). 

Les trois composantes de l’attention sont

L’alerte: le point d’intérêt —> une activité doit être attrayante, mais non distrayante.

L’orientation : sélection d’une entrée, repérage spatial —> les activités sont organisées, ordonnées.

Le contrôle inhibiteur: capacité d’inhiber un comportement (toucher avant d’avoir la consigne de travail, attendre son tour pour parler…), rester concentré en présence d’une distraction, contrôler ses émotions.

Entrainer l'attention

Voici pour vous permettre de travailler en classe les premiers jeux pour entrainer à l'attention/concentration à travers:

  • L'attention aux mouvements
  • L’attention visuelle
  • L’attention auditive
  • La mémoire
  • Le contrôle inhibiteur

Etre attentif et controler ses mouvements

Marcher sur la ligne

Exercice ce contrôle inhibiteur corporel.

Marcher à pas de fourmi, en reculant, en pas chassés, en portant un objet, un verre d’eau, un clochette, avec un sac de graines sur la tête…

 

Activité de concentration, respect des limites

Coloriage de mandala

Perles sur support à picots

Dessin cercles, carrés, spirales emboitées (commencer par le plus grand et aller vers le plus petit)

Formes à tracer, à remplir...

 

Le jeu du ralenti : revenir dans l’ici et maintenant en se focalisant sur un acte précis à accomplir

Dès 4 ans. A faire seul ou en groupe dans un espace dégagé, un adulte (ou un enfant assez âgé) donne les consignes.

« Action ! » Tu es comme un tigre et tu bondis de rocher en rocher !

« Stop ! » Tu es un koala tout tendre et qui mange une feuille d’eucalyptus.

« Action ! » Tu es le tigre qui vient d’apercevoir le koala, tu veux le manger et tu t’élances !

« Stop ! » Tu es le koala qui tente de s’échapper et tu as peur.

« Action ! » Tu es le tigre qui a perdu de vue le koala, tu regardes en avant, en arrière et sur les côtés !

« Stop ! » Tu es le koala qui va se cacher sous une souche d’arbre

« Action ! » Tu redeviens un tigre qui doucement va s’asseoir pour se reposer.

« Stop ! » Tu es le koala tout content de s’être échappé.

La décomposition des mouvements et l’alternance des rythmes rapides/lents entraînent l’enfant à puiser dans son attention (écoute des consignes) et sa concentration (réfléchir aux mouvements à effectuer).

http://apprendreaeduquer.fr/3-activites-pour-la-concentration-des-enfants/

Attention, inhibition, flexibilté

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Attention concentration
Jeux pour développer l'attention, la concentration.
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Jeu de concentration  

Sémantique, attention et observation

Jeu de l’identité

Carte 6, 9 ou 12 images

« Qui a quatre pattes et la queue en tire-bouchon?

Qu’est-ce qui a deux roues et des pédales?

Qu’est-ce qui deux roues et deux ailes ?

Qu’est-ce qui sert à manger ? »                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 Varier les indices selon l’âge de l’enfant. 

                                                                                                                                                           Phonologique

Jeu de devinettes

Je pense à un enfant dont le prénom commence par…

Je pense à un animal dont le nom rime avec « poisson »

Je pense à un animal  dont le nom commence par ….

« Mon petit œil voit… »

 

Jeu de mise en mémoire

Mémoire, contrôle inhibiteur

Carte 4, 7, 10 ou 16 images + jetons

  • « Écoute les mots que je vais te dire puis place un jeton sur chaque image correspondante. Tu dois attendre que j’aie fini de parler pour prendre les jetons. »
  • « Écoute les mots que je vais te dire puis place un jeton sur les images que je n’ai pas nommées. Tu dois attendre que j’aie fini de parler pour prendre les jetons. »
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Les grands principes de l'apprentissage (Stanislas Dehaene)

Voici le début d'une nouvelle année scolaire, il me semble important alors que vous êtes de plus en plus nombreux à consulter ce site, de commencer par une présentation théorique des mécanismes d'apprentissage de l'enfant. 

Loin des grands exposés indigestes, je vous propose une vidéo d'une conférence donnée par Stanislas Dehaene en 2012 au cours du colloque Sciences cognitives et éducation (Ministère de l'Education Nationale/Collège de France). 

Quels sont les facteurs favorisant l'apprentissage? Comment les enseignants peuvent-ils adapter leurs pédagogies en tenant compte des travaux de recherche actuelle des sciences cognitives? 

Intervention d'une grande richesse, de nombreuses pistes à suivre.

Si vous souhaitez approfondir le sujet 

L'apport des sciences cognitives à l'école 

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Comment renforcer l'attention 

Je vous propose aujourd'hui une vidéo (merci Océane) qui en quelques apports précis illustrés d'exemples propose un éclairage sur les mécanismes de l'attention et les situations favorables qui au sein de la classe permettent d'obtenir ce sésame vers les apprentissages.  

J'ai découvert à cette occasion Bâtisseurs de possibles issu du Syn-Lab et que cela fait du bien... je vous laisse découvrir leur présentation après la vidéo. 

Et là tout à coup, on se dit "je ne suis plus seul..." Bien sûr, je le savais déjà avec vos bientôt 25 000 pages lues qui sont la marque d'une insatiable curiosité pédagogique nourrie du désir des professeurs des écoles de bâtir un monde meilleur avec les enfants d'aujourd'hui. 

De cette grande pyramide éducative qui oeuvre chaque jour, nous sommes la base et le coeur. Découvrir que cela bouge, partout.

S'organise, cherche, partage... 

C'est tout simplement une grande dose de courage pour continuer. 

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Les neurosciences et le développement de l'enfant

Catherine Gueguen, Pédiatre, auteur de "Pour une enfance heureuse", pose à l'éclairage des neurosciences cognitives et affectives les bases de la construction d'un monde emphatique, humain à travers l'éducation bienveillante . 

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Les periodes sensibles


Éduquer : cultiver le désir d’apprendre chez l’enfant.

 

Pour Maria Montessori, « l’enfant fait sa propre chair mentale en se servant de ce qui l’environne.  Véritable chimiste mental, il opère une transformation chimique, les impressions ne font pas que pénétrer dans son esprit : elles le forment, elles s’incarnent.»

Durant la toute petite enfance, cette imprégnation est inconsciente, elle résulte d’un amour inconditionnel pour ce qui l’entoure. Il ne trie pas, ne juge pas, n’évalue pas.

Vers 3 ans, l’enfant prend progressivement conscience de l’organisation du monde autour de lui. Dans la stabilité de ce monde, il trouve ce qui le rassure pour lui permettre de progresser. Mais les informations reçues sont nombreuses, il lui faut les transformer en connaissances, les conceptualiser, activité de haut niveau cognitif. Il va alors commencer à « réduire la complexité du monde et mettre de l’ordre dans ses connaissances en les subdivisant en catégories. Ces catégories sont impliquées dans toutes les activités cognitives, des plus simples aux plus complexes : identifier, déduire, désigner, représenter, abstraire les relations, mémoriser, rappeler, apprendre… »  (Annie Pourtier CPC, Apprendre à catégoriser à l’école maternelle).

Maria Montessori constate que dans le désir d’apprendre chez l’enfant se manifestent plusieurs périodes caractérisées par une sensibilité différente à certains aspects de l’environnement. Période d’intense avidité pour le langage, la coordination du mouvement, l’ordre, le raffinement des sens, le développement social. Ces périodes qui se suivent, se chevauchent, entrent en résonnance. Elles sont transitoires et se caractérisent par une intense activité qui se prolonge sur un long moment, une concentration spontanée, signe d’une construction intérieure. Au cours de chaque période sensible se met en place une interaction forte entre l’enfant et le milieu. Il va mettre en œuvre ses sens pour s’emparer du monde. « Les sens sont des organes de préhension du monde extérieur, nécessaires à l’intelligence, comme la main est l’organe de préhension des choses matérielles nécessaires au corps. Mais les sens et la main peuvent s’affiner au-delà de leur simple rôle… L’éducation qui élève l’intelligence doit élever toujours davantage ces deux moyens, capables de se perfectionner indéfiniment. »

 

La préparation du milieu, l’ambiance, s’appuie sur les périodes sensibles des enfants pour proposer des matériels qui « l’invitent à agir, à accomplir un travail vrai dans un but réel » qui les mène à l’exploration libre du monde, à la recherche de la perfection. Les apprentissages de l’enfant deviennent alors une résultante naturelle de sa curiosité insatiable et de son irréfrénable besoin de mouvement.

 

Quatre aires sont proposées dans les maisons des enfants : vie pratique, vie sensorielle, langage et mathématiques pour aider au développement de l’enfant guidé par les périodes sensibles.

 

Pour chaque aire, une correspondance avec le Programme de l’école maternelle 2015 permet la mise en place dans les classes maternelles.

 

Citations extraites de M. Montessori, Pédagogie scientifique tome 1 la maison des enfants.

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L'attention

La pédagogie Montessori pour les enfants de 3 à 6 ans s’appuie sur deux fondamentaux:


  • L’attention
  • Les périodes sensibles

  

L’Attention : Activité ou état par lesquels un sujet augmente son efficience à l'égard de certains contenus psychologiques (perceptifs, intellectuels, mnésiques, etc.)

http://www.larousse.fr

 

Application, concentration, curiosité, intérêt en sont souvent synonymes dans nos classes. Le silence en résultant est le signe extérieur de l’activité intérieure.

 

Il faut donc préparer un environnement qui permette de vivre cette expérience de la construction intérieure silencieuse. Ce temps précieux au cours duquel l’activité engendre l’activité, la répétition renforce la confiance en soi, l’estime, l’autonomie et amène à la connaissance dans une unité psychosomatique (lien du corps et de l’esprit).

 

Le matériel Montessori permet à l’enfant d’investir une activité au but défini. Objets culturels pour la vie pratique, matériels sobres et fonctionnels aux calibrages scientifiques pour amener à des notions précises pour les domaines sensoriels, mathématiques ainsi que pour le langage. 

 

Le fonctionnement propre à l’activité autonome individuelle amène à l’apaisement. Le milieu scolaire est stable, ordonné, fiable. 

Alors les gestes ralentissent, la précision devient objet de travail. La précipitation n’a plus lieu d’être, le cadre est sécurisant, le temps existant, presque palpable. C’est un ralentissement qui amène à une présence vraie. Ici et maintenant.

L’attention amène le calme dans un cercle vertueux qui mène l’enfant à la sérénité.

Miraculeux? Non, simplement évident. Il faut vivre cette expérience d'accompagnement des enfants avec la pédagogie Montessori. L'apaisement est réel, les adultes plus détendus, la discipline naturelle. 

 

Mas voilà, nos élèves… ce n’est pas toujours ainsi que nous les percevons et il y a toujours quelques agités qui se font un malin plaisir de bousculer les règles établies, de transgresser tout simplement parce qu’ils ne savent pas faire autrement, parce que leur mode de communication est le conflit, le rapport de force. Changer n'est pas si facile. 

Reprendre avec eux aussi calmement que possible les rappels des règles de base:

Chacun est libre de choisir son activité qui doit être prise et rangé dans l’état initial au même endroit. Tu peux faire une activité aussi longtemps et aussi souvent que tu le veux.

Tu ne peux pas prendre une activité des mains d’un autre enfant, il faut attendre qu’elle soit disponible, rangée à sa place. 


Tu ne dois pas déranger un enfant qui travaille : tu peux regarder en silence. Les échanges dans la classe doivent êtres calmes.

 

Mais pour certains, tout ceci est encore trop contraignant… Faites leur confiance. Le groupe autorégule très rapidement les comportements inadéquats.

 

En parallèle proposez à la classe des temps de recherche de calme et d’attention par la relaxation.

Combien d'entre eux savent ce qu'on leur demande lorsqu'on leur dit de "rester calme" ?

La pleine conscience. Être ici et maintenant. Reconnaître ses émotions bonnes ou désagréables, apprendre à prendre conscience de sa colère, de sa frustration, c’est déjà l’accepter.

Je vous proposerai bientôt quelques infos sur le Mindfullness for school. Mais vous pouvez déjà si cela vous intéresse lire l'excellent ouvrage d'Eline Snel. 


Et si vous essayiez? 

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