L'évaluation

EVALUER

Déterminer, fixer, apprécier la valeur, le prix de quelque chose, d'un bien, etc. 

Déterminer approximativement la durée, la quantité, le nombre, l'importance de quelque chose.

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/évaluer/31795

 

Évaluer en matière éducative, c’est situer un élève en terme d’apprentissages sur une échelle de valeur correspondant à son âge.

Entrer dans le système scolaire est dans la pensée collective se mesurer aux autres à travers les activités d’apprentissages. Long, très long vécu que celui des classements au mérite et de la distribution des prix en fin d’année. Résultat attendu (ou trop souvent redouté) : le bilan d’évaluation doit être particulièrement pensé à l’école maternelle.

 

Évaluer. Pourquoi faire, pour qui ?

 

Tout d’abord évaluer pour rendre compte, répondre statistiquement par des valeurs aux injonctions ministérielles et justifier auprès des parents des progrès d’apprentissage de leurs enfants.

Évaluer pour faire un diagnostic de sa classe en début d’année, orienter son action pédagogique, mesurer la portée de cette action à postériori, pour l’enseignant.

 

Et l’enfant dans cela ? Après tout il est le principal acteur de ses apprentissages, l’enseignant n’est que l’accompagnant de ses progrès. La question qui devrait primer est comment l’enfant mesure-t-il ses progrès ?

 

Maman d’Enola, 3 ans, petite section : « Cette année ma fille a gagné en autonomie, en confiance en elle et donc en envie. Elle a surtout pris conscience de ce qui était à sa portée : si la bouteille est à moitié remplie, je peux me servir toute seule un verre d’eau, si le robinet n’est pas trop haut, je peux remplir le pichet, mais pas trop pour qu’il ne soit pas trop lourd. »

 

L’évaluation devrait être une pédagogie de l’encouragement, un tremplin pour aller plus loin.

 

Évaluer. Comment ?

 

Quelle forme revêt une évaluation?

Commençons par le principal intéressé : l’enfant. Le fonctionnement prenant appui sur la pédagogie active en ateliers individuels autonomes Montessori part d’un principe simple : les exercices sont tous autocorrectifs et le retour immédiat, soit par le matériel dont l’utilisation correcte amène à autoréguler l’action (les cylindres n’ont qu’une place possible dans le bloc…) soit par la codification ou la confrontation au résultat exact préparées par le maître et accessible de manière autonome. Il est très facile pour l’élève de s’autoévaluer, j’ai réussi, je n’ai pas réussi, de corriger (ou de ranger le matériel et de laisser du temps à l’acquisition qui est en cours). Ici la notion de bienveillance de l’adulte prend une nouvelle mesure : celle de la confiance. Second principe d’importance : ne pas intervenir si l’enfant ne le demande pas. « Toute aide non désirée est un obstacle à l’apprentissage. » disait Maria Montessori.

Voici donc remise en cause la toute-puissance du maître dans sa classe… certainement la position la plus difficile à tenir. Pourtant la clé du devenir élève est là pour moi. Accéder à la concentration, à la confiance en soi, à l’expression non entravée des solutions envisageables, à la créativité et donc aux progrès ne peut se faire que dans un climat d’extrême bienveillance. Le regard évaluateur de l’enseignant doit être un regard observateur, il doit être en quête de la compréhension de ce qui fait obstacle pour orienter les apprentissages à venir et guider l’enfant dans le parcours d’activités qu’il a prévu en réponse aux injonctions ministérielles : compétences attendues en fin de cycle et repères de progressivité.

En aucun cas un enfant ne doit se voir attribuer une image qui lui collera à la peau parce qu’elle sera reprise d’année en année par ses parents destinataires du bilan qui commenteront avec leur vécu personnel les croix, les couleurs… en face d’attendus qui au final donnent bonne conscience aux enseignants, mais se vident parfois de sens, car réussir une tâche à un instant T ne signifie pas nécessairement maîtriser la compétence associée et l’inverse n’est pas plus juste.

La classification élève doué, bon élève, élève en difficulté est néfaste pour tous. L’enfant en réussite pourra finir par se mettre une pression inutile pour ne jamais décevoir et celui considéré comme moins bon pourra se décourager et ne pas fournir d’effort puisque « à quoi bon, je suis en difficulté ». Brisons donc l’effet monolithique de l’appréciation évaluative.

Un enfant en activité sous un regard non pesant va agir de manière libre et spontanée, il va explorer, expérimenter, accomplir sa tâche, réitérer, oser les erreurs, auto-corriger et lorsqu’il sera prêt, achever victorieux le cycle de ses activités. Alors, et seulement à ce moment-là, sa réussite pourra être consigné  individuellement dans un cahier de progrès qui sera le reflet de son parcours propre.

 

Évaluer devient alors encourager et le vecteur de motivation intrinsèque dans un cercle vertueux qui amènera l’enfant à se nourrir de ses propres réussites.

 

 

À l’école maternelle les différents domaines doivent-ils tous donner lieu à une évaluation ?

 

On peut classer les cinq domaines d’apprentissages en deux grands groupes :

 

       Agir, s'exprimer, comprendre à travers l'activité physique

       Agir, s'exprimer, comprendre à travers les activités artistiques

       Explorer le monde

 

Domaines dans lesquels l’enfant va mobiliser son corps, son mouvement, son action pour s’emparer du monde qui l’entoure. Il va explorer, observer, expérimenter, chercher et user du langage pour nommer, se rappeler, expliquer, comprendre, échanger… Ces domaines ne nécessitent pas une évaluation normative. L’objectif n’est pas la performance mesurable, mais l’enrichissement langagier, l’acquisition d’habiletés, de connaissances à travers les cinq sens et l’épanouissement harmonieux de chacun au sein du groupe.

 

       Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions

       Construire les premiers outils pour structurer sa pensée

 

Ces deux domaines sont ceux des fondamentaux sur lesquels vont s’appuyer les apprentissages très structurés du Cours Préparatoire. Il est donc important pour l’enseignant que les acquisitions soient claires dans les attendus, observées, évaluées afin de cibler au mieux le parcours de progrès de chaque enfant. 

 

Évaluer. Les outils.

 

Chaque enseignant doit construire ce qui lui permettra de suivre sa classe au quotidien, voici quelques pistes :

  • Tableau à double entrée : activités par domaine en regard des noms des enfants.
  • Feuille individuelle par enfant (activité, date de présentation, accès autonome, observation, validation de compétence associée)
  • Cahier de progrès pour l’élève (qui peut remplacer le bilan de compétences, qui peut n’être validé qu’en fin de cycle)
  • Appareil photo, dictaphone… crayon, chaise et discrétion !
  • Pour ceux qui usent des moyens numériques voici la présentation de "Je valide" application de ABC applications que j'utilise au quotidien en classe. 

 

http://abc-applications.com/pdf/JeVal...
http://abc-applications.com/ipad.html...


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Commentaires: 2
  • #1

    Emilie (mercredi, 01 juillet 2015 23:18)

    Je suis tout à fait d'accord avec toi sur toute la ligne! D'ailleurs, je vais m'atteler pendant les vacances à la conception d'un cahier des talents qui regroupera les ateliers Montessori, les brevets de la classe, les réussites, et aussi les nouvelles compétences des IO... Un peu de travail en perspective... ;-)

  • #2

    FannyL (jeudi, 02 juillet 2015 07:36)

    Cahier des talents, quelle belle appellation! Tu pointes ici un paramètre important lié au langage enseignant, il nous faut choisir les bons mots ceux qui mettront en avant toute la philosophie que nous développons dans nos classes : cahier des talents, de progrès... cela dénote déjà une intention bienveillante et le chemin de l'évaluation positive à la réussite. Partage-le avec nous quand ce sera prêt! Merci Emilie.