Classe d'Héloïse

26 élèves : 10 PS – 7 MS – 9 GS

(sur les 26 enfants : 2ème année avec 5MS et 3ème année avec 6GS)

Nous sommes dans un RPI et nous avons fait le choix de faire 3 classes de PS-MS-GS…    

Maintenant pas mal de matériel…. J’ai acheté des nouvelles étagères, fabriqué certains meubles (se laver les mains, laver la vaisselle), donné les jeux à mes collègues… Beaucoup acheté ou fabriqué par mes soins et un peu avec le budget de l’école. Chaque année, c’est un peu plus de matériel qui vient s’ajouter à l’ambiance. Il me manque encore du matériel en mathématiques, et surtout en géographie, il n’y a rien dans la classe! 

Meubles fabriqués "maison"

Accueil : les enfants choisissent un atelier ou éventuellement un jeu. Dès la clochette (environ 15minutes après le début de l’accueil), les enfants choisissent un atelier et se mettent au travail jusqu’à la récréation. Au retour de la récréation, un court temps de regroupement puis encore des ateliers autonomes jusqu’au moment de la pause méridienne.

L’après-midi, il en est de même : je n’ai d’abord que les GS qui sont en ateliers autonomes puis réveil échelonné des MS, qui se mettent au travail dès leur arrivée dans la classe. Nous avons une récréation et ensuite nous allons en salle d’éducation physique pour travailler le domaine agir et s’exprimer avec son corps.

La magie du nombre ou la 3ème boite de couleurs ou l’addition avec les perles dorées ou encore laver le linge…

J’observe l’importance du matériel de vie pratique. Je ne soupçonnais pas tout ce qui pouvait se jouer derrière tout ce matériel. En ayant cette année des GS qui sont là pour la 1ère année dans la classe, je remarque chez eux ce besoin vital de manipuler tout ce matériel. De se recentrer, de se concentrer, de prendre confiance en eux grâce à ce matériel. Mais aussi, après un long travail demandant beaucoup de concentration, les enfants se retournent vers ce matériel. Je le ressens comme « un passage obligé » dans le développement de l’enfant et des compétences qu’il développera ultérieurement. Un moment de « digestion ».

J’affectionne particulièrement le matériel de mathématiques et cet accès rapide aux grands nombres tout en ayant un sens pour les enfants.

L’autonomie…. Je suis abasourdie et toujours autant émerveillée d’observer les enfants choisir leur travail et s’y atteler pendant de longs moments de concentration…. Quelle déconstruction des idées reçues et transmises traditionnellement…. Un enfant de maternelle est capable de rester concentré plus de 10 minutes. Je l’observe tous les jours !!!!

Il y a tellement de points forts avec cette pédagogie… L’épanouissement des élèves, les compétences développées (quand on choisit ce sur quoi on va travailler, forcément on va plus loin !!!), la coopération (l’entraide entre les élèves est belle à observer, les élèves aiment montrer des présentations, aider si besoin, travailler ensemble pour avancer plus loin)...

Le calme dans la classe, les enfants sont actifs, concentrés et attelés à un tâche bien précise et cela a des répercutions directes sur l’ambiance de la classe. Le calme est présent.

Un autre point fort, la classe 3/6… J’y adhère complètement. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière avec par exemple 26 PS…. Ce type de fonctionnement en 3/6 est tellement fluide…

Je reste  émerveillée par les compétences développées et parfois je suis gênée (quand des collègues viennent observer dans la classe) de me rendre compte ce dont ils sont capables… Une anecdote : « des collègues étaient venues observer le fonctionnement de la classe, elles m’ont dit qu’elles étaient impressionnées du travail réalisé sur l’addition par les GS. Il s’agissait en fait de MS… J’ai à peine osé le leur signifer.»

Un jour une GS qui travaillait sur les additions dynamiques avec les perles dorées me dit : « Pourquoi Héloïse, tu nous fais que des additions avec des nombres en dessous de 10 (addition des termes inférieur à 10). Elle venait de pointer du doigt la retenue….. Et m’indiquait qu’elle était prête. Ce sont des moments assez magiques… Je les note maintenant dans un petit cahier. »

Dois-je m’arrêter pour les points forts ? car là, je pourrais encore poursuivre…

Mon créneau d’agir et s’exprimer avec son corps est en fin de journée les lundis et mardis et en fin de matinée les jeudis (avec ma collègue) et  les vendredis (en décloisonnement avec la bibliothèque). Le vendredi je me rends rarement dans la salle de motricité, nous restons en demi groupe dans la classe et nous en profitons pour travailler encore plus sereinement… Le créneau en fin de journée est juste parfait. Ca nous laisse vraiment toute la matinée pour travailler les ateliers autonomes, se lancer dans de vrais projets… J’alterne entre des séances plus guidées et des séances libres avec du matériel à disposition. Je pratique aussi beaucoup les jeux coopératifs.

J’adore la littérature de jeunesse mais j’ai revu les propositions que je faisais aux enfants. (J’ai découvert en étant adulte à l’IUFM, que de nombreux cauchemars vécus enfants étaient liés à des albums notamment des histoires d’ogres, certains de Ponti… Ces poussins m’ont beaucoup hantée enfant !!!) Je propose des albums divers, pas toujours proches de la réalité mais il y a toujours un temps d’explication après. Est-ce possible ? Est-ce que ça existe etc, etc.  J’ai beaucoup trié et j’en évite, même dans certains classiques.

Je réalise aussi des situations problèmes : moments d’apprentissages dont je n’ai pas forcément eu connaissance en pédagogie Montessori.

En arts, j’ai commencé à mettre en place le jeu de peindre, mais ce ne sont pas encore les meilleures conditions. Je réfléchis pour améliorer cet espace. Ils ont accès au coin peinture quand ils veulent. Je réalise parfois des projets en arts visuels mais c’est de plus en plus rare.. Je pars de plus en plus selon leurs envies. L’autre jour, les grands voulaient réaliser une peinture à partir d’un album (bulle et bob au jardin). Nous avons essayé de trouver ensemble des solutions pour se rapprocher du travail de l’illustrateur.

En langage, je possède beaucoup de matériel Montessorien, je l’ai complété pour les enfants lecteurs avec les « fichiers lecture Freinet » : association d’une illustration avec la description correspondante et aussi leurs albums : histoire de mots.

Oui ! Avec Agnès Putoud à Vaison la Romaine, au cours de 5 semaines ½. Agnès m’a transmis la philosophie de Maria Montessori. J’ai du déconstruire beaucoup de choses, un vrai travail personnel. Vivre les choses avec son cœur. Prendre du recul, observer. N’intervenir que lorsque cela est nécessaire. Ne plus être le seul maitre à bord de la classe. Passer d’une transmission verticale des savoirs à un enseignement horizontal. J’ai aussi appris toute la rigueur des présentations, du matériel : conséquences directes sur l’ambiance de travail.

"Lorsque l’on observe, il faut oublier que l’on existe." Maria Montessori

Tout notre rôle !